Enseigner l’éthique animale à l’école pour favoriser le respect de l’autre en général

Des scientifiques, des intellectuels et des hommes de loi se mobilisent pour imposer l’éthique animale dans le paysage scolaire

Une tribune intitulée « Enseignons à l’école l’empathie pour les animaux » est parue le 20 février 2017 dans le journal Libération.

Son objet : ramener la condition animale sur les bancs de l’école (de 1883 de 1923, celle-ci a figuré dans les manuels français pour l’école primaire) pour en faire un sujet d’éducation en sensibilisant et en responsabilisant les citoyens de demain.

En effet, la façon d’être des animaux, quel que soit leur statut (sauvage, familier, fantastique…) raisonne aux enfants qui se reconnaissent à travers eux et développent une empathie spontanée à leur égard, les considérant comme des sujets à part entière.

Les thèmes : l’empathie et l’éthique animales sont au cœur du projet éducatif défendu par quinze signataires qui proviennent eux-mêmes d’horizons variés.

Qu’ils soient Professeurs d’universités, biologistes, éthologues, psychologues, vétérinaires, historiens, philosophes, ou encore juristes, tous s’entendent pour faire évoluer la condition animale dans les manuels scolaires.

Il faut mettre un terme à la confusion classiquement réalisée entre espèce et individu

Principalement évoqués en sciences sous l’angle de l’espèce par le biais de la classification ou de la biologie, les animaux le sont rarement voire jamais sous l’angle individuel. Or une meilleure compréhension d’autrui, qu’il soit un congénère ou d’une espèce différente de la nôtre, bien que nécessitant l’acquisition de connaissances parfois spécifiques à l’espèce, fait appel à une notion de singularité individuelle, fortement empreinte d’éthique.

Pourtant même les chapitres abordant la préservation de la biodiversité n’intègrent pas cette notion.

Il en est de même pour l’enseignement philosophique dans lequel l’animal est principalement abordé sur le plan historique par les grands auteurs.

Si l’on se réfère aux progrès réalisés en recherche scientifique, on constate que les thèmes concernant l’animal sont enseignés avec une approche binaire désuète, tels que : l’inné vs l’acquis, la nature vs la culture, l’intelligence vs l’instinct… Et que la méthode d’approche persiste davantage à établir une relation de domination et de subordination avec l’animal plutôt qu’une relation basée sur son respect et sa considération d’être vivant et sensible.

Les compétences cognitives et émotionnelles des animaux doivent être reconnues à part entière

Les progrès réalisés ces dernières années notamment en neurosciences ont grandement contribué à changer le regard de l’humain sur le monde qui l’entoure et notamment sur les animaux. C’est pourquoi, il est indispensable que cette recherche trouve un écho dans l’enseignement et ce dès le plus jeune âge.

A l’aune des nouvelles connaissances acquises en éthologie, les états mentaux (mémoire, intelligence, conscience…) ainsi que les états émotionnels (peur, frustration, anxiété…) des animaux ne peuvent plus représenter des tabous ou des sujets sciemment ignorés de l’humain qui lui permettraient de mieux asseoir son hégémonie. De la même manière, la vie animale ne peut plus être regardée ni enseignée avec une vision mécaniste périmée la réduisant à de simples échanges cellulaires ou à des grandes fonctions.

L’expérience que fait l’élève de la condition animale développe chez lui un esprit citoyen et solidaire

Etant entendu que le thème de l’animal représente un thème de prédilection pour développer la sensibilité de l’enfant (par nature altruiste) envers toute forme de vie différente, une bonne manière de procéder serait de prendre exemple sur les mesures déjà en place dans d’autres pays.

En effet, développer les capacités d’attention et de considération envers les animaux constitue un bon fondement pour accroître le sens des responsabilités et l’esprit de coopération de l’enfant, contre toute forme de violence. A cet égard, l’enseignement belge propose par exemple durant toute la scolarité de l’élève (primaire et secondaire) des cours de philosophie et de citoyenneté favorisant des « prises de position personnelles et responsables » ainsi qu’une réflexion collective sur les questions éthiques et les enjeux moraux. Sont notamment abordées les grandes questions sociétales actuelles concernant le bien-être animal, la responsabilité de l’humain envers les animaux, le statut moral ainsi que les droits de ces derniers.

Les premières « pierres » d’une amélioration de la condition animale ont d’abord été posées par le code rural en 1976, le droit européen en 1992 puis le code civil le 16 février 2015, grâce à la reconnaissance à l’animal du statut d’être sensible.

Les signataires du projet éducatif entendent donc poursuivre cette édification en intégrant dans les cours d’éducation morale et civique l’état des connaissances scientifiques et de la législation concernant les animaux. Etant également question de permettre à l’enseignant d’accompagner les élèves sur le questionnement éthique, l’intégration des notions de respect et d’empathie, l’évolution du débat sur les droits et les libertés des animaux et le positionnement de l’humain dans ce chantier d’envergure.

Ainsi, ce projet s’inscrit dans une pleine période de mutation planétaire principalement sur les plans sociétal et environnemental. De multiples initiatives concernant le bien-être et l’amélioration de la condition animale émergent en permanence avec une vraie volonté d’amendement de notre monde.

Rappelons à cet égard le lancement de la Société de Psychiatrie Comparée en décembre 2016 et les mots prononcés par ses fondateurs pour en justifier la création : « Parce que l’Homme ne détient ni le monopole de la conscience, ni de l’intelligence ». Des mots qui prennent tout leur sens dans un projet pédagogique sur l’éthique animale et le respect de la vie quelle qu’elle soit.

Crédit photo : Shutterstock

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