Les tumeurs osseuses chez le chat sont des croissances anormales qui se développent dans le tissu osseux, bénignes ou malignes, la plus fréquente étant l’ostéosarcome. Bien que rares, ces tumeurs peuvent entraîner douleur, boiterie et déformation des membres. Leur diagnostic repose sur l’imagerie médicale et une biopsie, et leur traitement dépend du type et de la localisation de la tumeur.
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Description de la tumeur de l’os chez le chat
Les tumeurs de l’os sont rares chez le chat, elles représentent 2 à 4 % des tumeurs félines et sont cancéreuses dans 90 % des cas.
Les tumeurs osseuses chez le chat peuvent être :
Des tumeurs bénignes
Les tumeurs bénignes sont des tumeurs non cancéreuses, donc sans gravité, qui n’engendrent pas de métastases. C’est-à-dire qu’elles ne se propagent pas à d’autres parties du corps. Cependant de manière exceptionnelle, elles peuvent se transformer en tumeurs malignes.
Des tumeurs malignes
Les tumeurs malignes sont des tumeurs graves encore appelées cancer ou tumeurs cancéreuses. Elles peuvent se propager à d’autres parties du corps (on parle alors de métastases) et engager le pronostic vital du chat.
Il s’agit :
Soit d’une tumeur maligne primitive
La tumeur prend naissance dans un os du chat et ses cellules cancéreuses engendrent des métastases dans d’autres parties du corps. Cette tumeur peut se développer à partir de tissus de différents types : osseux, fibreux, cartilagineux, vasculaire*.
Soit de métastases
La tumeur prend naissance dans un autre organe et ses cellules cancéreuses engendrent des métastases dans un os du chat.
En savoir plus : sur les tumeurs bénignes et malignes et les métastases chez le chat.
* Vasculaire : relatif aux vaisseaux sanguins.
Les tumeurs malignes de l’os chez le chat
Par ordre décroissant, on identifie chez le chat des tumeurs malignes de différents types. La nature histologique de la tumeur, c’est-à-dire sa composition tissulaire étant analysée grâce au microscope optique :
L’ostéosarcome
L’ostéosarcome représente 80 à 90 % des tumeurs osseuses. Ce type de cancer se développe à partir du tissu osseux et concerne essentiellement les os longs (voir ci-dessous notre paragraphe sur l’ostéosarcome).
Le chondrosarcome
Le chondrosarcome représente la seconde tumeur de l’os la plus fréquente chez le chat. Elle affecte plutôt les os plats (cornets nasaux et côtes) dans 60% des cas et se développe à partir des cellules du cartilage.
La tumeur touche essentiellement les cavités nasales mais aussi les côtes et les os pelviens (du bassin). Elle peut aussi se développer au niveau d’organes comme le tissu mammaire, le cœur, le larynx, la trachée et les poumons.
L’hémangiosarcome
L’hémangiosarcome est une tumeur qui se développe à partir des péricytes, des cellules appartenant aux capillaires sanguins*.
* Capillaires sanguins : vaisseaux sanguins extrêmement fins.
Le fibrosarcome
Le fibrosarcome est une tumeur qui se développe à partir de tissu fibreux.
Les autres tumeurs osseuses
• Le synoviosarcome : il s’agit d’une tumeur de l’articulation.
• La tumeur à cellules géantes.
• Les métastases osseuses : ce sont des cancers secondaires de l’os car ils se développent à partir d’autres tumeurs. Pour exemple, chez le chat, les épithéliomas spinocellulaires entrainent des métastases osseuses.
Les tumeurs bénignes de l’os chez le chat
Chez le chat, les tumeurs bénignes sont donc beaucoup plus rares que les tumeurs malignes. Parmi elles, on identifie :
L’ostéome
L’ostéome est une tumeur bénigne se développant à partit du tissu osseux.
Le chondrome
Le chondrome est une tumeur bénigne se développant à partir du cartilage.
L’ostéosarcome chez le chat
L’ostéosarcome est la première tumeur de l’os chez le chat. Elle est cancéreuse et concerne surtout les chats âgés de plus de 10 ans mais certains cas ont été répertoriés chez des chatons âgés de 3 à 4 mois.
On identifie deux types de localisation chez le chat :
• L’ostéosarcome axial.
• L’ostéosarcome appendiculaire.
L’ostéosarcome axial chez le chat
L’ostéosarcome est dit axial lorsqu’il atteint la tête ou la colonne vertébrale. Cette localisation concerne 20% des ostéosarcomes.
L’ostéosarcome appendiculaire
L’ostéosarcome est dit appendiculaire lorsqu’il atteint les os longs comme le fémur, le radius, l’humérus et le tibia. Cette localisation est la plus rencontrée car elle concerne 80% des ostéosarcomes.
La tumeur touche essentiellement la médullaire des os longs au niveau métaphysaire, une zone se trouvant entre la tête et le corps de l’os.
On distingue deux métaphyses : la métaphyse proximale dans la partie supérieure de l’os et la métaphyse distale dans sa partie inférieure.
Les zones métaphysaires les plus couramment atteintes sont :
• La métaphyse distale du fémur.
• La métaphyse proximale du tibia.
Puis viennent ensuite :
• La métaphyse distale du radius.
• La métaphyse proximale de l’humérus.
Les ostéosarcomes (extra-osseux) peuvent également se développer au niveau d’organes comme le foie, la rate, le tissu mammaire ou l’intestin mais ils sont beaucoup plus rares.
Les 4 stades cliniques de l’ostéosarcome
Prenons le cas d’un ostéosarcome appendiculaire se développant au niveau du fémur, par exemple.
Il existe différents stades cliniques indiquant le degré d’extension de l’ostéosarcome dans l’organisme du chat :
Stade 1
La tumeur est unique et de petite taille dans l’os.
Stade 2
La tumeur devient localement plus volumineuse.
Stade 3
La tumeur se propage et envahit les ganglions lymphatiques ou les tissus avoisinants.
Stade 4
La tumeur dissémine des cellules cancéreuses dans les vaisseaux sanguins. Il y a formation d’une ou plusieurs métastases dans d’autres organes du chat à distance de la tumeur primitive : les poumons et/ou le foie et/ou le cerveau et/ou le cœur par exemple.
Dans le cas d’une tumeur primitive maligne, des métastases sont déjà souvent présentes au moment du diagnostic et 5 à 10% des chats ont des métastases pulmonaires.
Les causes de l’ostéosarcome chez le chat
Le chat est prédisposé à développer un ostéosarcome lors de traumatisme, d’infection, ou de tumeur bénigne. Mais la nutrition ou encore l’augmentation de l’activité osseuse sont également des facteurs prédisposants.
Symptômes de la tumeur de l’os chez le chat
Les symptômes observés dépendent essentiellement de la localisation de la tumeur :
Des symptômes généraux
• La zone concernée par la tumeur est déformée, parfois de façon visible.
• Les douleurs sont variables.
Symptômes spécifiques
Lors d’ostéosarcome appendiculaire
• Une boiterie évoluant sur plusieurs semaines, qui s’intensifie et qui répond mal aux anti-inflammatoires. Le membre gonfle.
• L’état général du chat se détériore rapidement se traduisant par une perte de poids et une fonte musculaire.
• Une perte d’appétit.
• De la diarrhée et des vomissements.
• Des troubles respiratoires pouvant se manifester plus tardivement.
• Une fracture due à la fragilité de l’os au niveau de la tumeur : le chat se met à boiter d’un seul coup.
Lors de tumeur nasale
Un écoulement nasal abondant (jetage nasal) d’un seul côté.
Lors de tumeur de la mâchoire
Des difficultés de mastication.
Lors de tumeur vertébrale
Une diminution de la motricité (parésie).
Diagnostic de la tumeur de l’os chez le chat
Un diagnostic différentiel
Un diagnostic différentiel consiste à éliminer les affections dont les symptômes sont similaires à ceux de la tumeur osseuse.
Le diagnostic radiographique d’ostéosarcome est envisagé en présence d’un mélange de lésions lytique (destruction de l’os) et proliférative (prolifération osseuse) mais il est également possible d’observer ce type d’image avec d’autres tumeurs que les ostéosarcomes.
Il est alors souhaitable de faire pratiquer un scanner sous anesthésie (précisant l’étendue de la lésion tumorale) durant lequel une biopsie (prélèvement pour déterminer la nature histologique c’est-à-dire le type de la tumeur) sera réalisée et permettra de préciser le diagnostic.
Les autres diagnostics envisageables en présence de lésions osseuses déformantes associant une destruction osseuse (ou ostéolyse) et une prolifération périostée* sur un cliché radioghraphique sont les ostéomyélites (fongique, bactérienne), les réactions à un corps étranger, les kystes osseux consécutifs à un anévrisme. Lors d’ostéomyélite, une hyperthermie (augmentation de la température du chat) est par ailleurs associée.
* Prolifération périostée : le périoste est la membrane qui recouvre l’os (sauf au niveau des surfaces articulaires) et permet ainsi sa croissance et sa nutrition.
Un bilan d’extension
Une scintigraphie peut également être réalisée afin de réaliser un bilan d’extension pour rechercher des métastases (osseuses, ganglionnaires).
Une radiographie du thorax doit être effectuée afin de rechercher des métastases pulmonaires avant d’envisager le traitement.
Traitement de la tumeur de l’os chez le chat
La chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie sont choisies, après diagnostic par le vétérinaire, en fonction de :
• La localisation de la tumeur.
• La nature de la tumeur.
• La présence et l’étendue des métastases, essentiellement au niveau des poumons, des ganglions (ou noeuds) lymphatiques et des autres os.
Il est impératif de gérer la douleur qui est très importante, surtout si la chirurgie et la radiothérapie ne sont pas réalisées.
Ce sont des traitements essentiellement palliatifs* afin d’améliorer le confort du chat et de supprimer la douleur.
* Traitements palliatifs : soins qui vise à atténuer les symptômes d’une maladie dont l’affection ne répond plus au traitement curatif.
La chirurgie
La chirurgie consiste à retirer la tumeur osseuse puis à remplacer le segment osseux par une prothèse. En cas d’ostéosarcome appendiculaire, le vétérinaire peut proposer au maître une amputation du membre atteint, afin de retirer l’os dans sa totalité. Il faut s’avoir que le chat s’adapte très bien et qu’une rééducation est rarement nécessaire.
La radiothérapie
La radiothérapie est pratiquée afin d’éliminer les éventuelles cellules cancéreuses subsistant localement après le retrait de la tumeur. Son action permet également de réduire l’inflammation et la douleur. La radiothérapie consiste à envoyer des rayons afin de détruire les cellules tumorales tout en épargnant les tissus qui les entourent.
La chimiothérapie
Une chimiothérapie peut être effectuée (sous réserve) en cas de métastases et permet d’augmenter l’espérance de vie du chat de façon significative.. Elle consiste en l’administration de médicaments qui agissent sur les cellules cancéreuses. Le traitement a pour but de détruire les cellules ou de stopper leur multiplication.
Pronostic des tumeurs de l’os chez le chat
Les tumeurs malignes sont de mauvais pronostic, de plus la douleur est très importante.
L’ostéosarcome
Si l’ostéosarcomes est un cancer, chez le chat ils engendrent cependant plus tardivement que chez le chien des métastases pulmonaires. Cependant le pronostic est souvent défavorable.
A terme, les complications liées aux métastases nécessitent généralement l’euthanasie du chat.
Le chondrosarcome
Le pronostic varie en fonction de l’agressivité de la tumeur (appelée grade) mais encore de sa vitesse de croissance ou de sa localisation. Les chondrosarcomes métastasent moins rapidement que les ostéosarcomes.
L’espérance de vie et de 7 mois à 1 an 1/2 pour les chondrosarcomes des os et des cavités nasales et jusqu’à 3 ans pour le chondrosarcome des côtes.
L’hémangiosarcome
Le pronostic est très sombre mais la tumeur engendre également plus tardivement des métastases que chez le chien (qui est de 1 an après la chirurgie pour 10% des chiens).
Le fibrosarcome
Le fibrosarcome engendre des métastases tardives et permet donc une survie plus longue.
Le synoviosarcome
Le pronostic varie ici encore en fonction du grade de la tumeur, c’est-à-dire de son degré de malignité.
Alimentation du chat atteint d’une tumeur de l’os
L’alimentation joue un rôle très important dans la récupération de votre chat. Et il est très probable que votre petit compagnon perde l’appétit et qu’il boude sa gamelle lorsqu’il sera sous traitement médical (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie). Environ deux tiers des chats perdent du poids lorsqu’ils sont atteints d’un cancer et présentent une fonte musculaire importante. Or plus le chat est affaibli, moins il aura de force pour combattre la tumeur de l’os.
Une perte d’appétit
Différentes raisons peuvent expliquer une perte d’appétit chez un chat atteint d’une tumeur de l’os :
• Une baisse d’appétit peut être due au traitement qui est très lourd.
• La tumeur située proche de la cavité buccale peut empêcher le chat de manger correctement.
• Des symptômes inhabituels provoqués par la tumeur (appelés syndromes paranéoplasiques) peuvent également être à l’origine d’une baisse, voire d’un arrêt total de la prise alimentaire chez le chat.
• Lorsque le chat est hospitalisé, le stress peut également avoir un impact sur son appétit.
Il est alors très important de bien surveiller la prise alimentaire et d’inciter votre chat à manger en lui proposant une alimentation attirante et appétissante, d’autant plus que cette dernière permettra à votre chat de mieux supporter les traitements.
Un nouveau régime alimentaire
Il est nécessaire d’instaurer un nouveau régime alimentaire pour un chat atteint d’une tumeur de l’os.
Une alimentation riche en nutriments essentiels, saine et équilibrée, avec une haute teneur en protéines et en bonnes matières grasses permettra à votre chat de garder un poids optimal, de conserver sa masse musculaire, d’améliorer sa qualité de vie, de combler ses besoins nutritionnels et enfin d’augmenter son espérance de vie.
Un nouveau régime alimentaire devra ainsi être déterminé et prendra en compte différents paramètres comme le poids actuel de votre chat, sa prise alimentaire, des troubles digestifs éventuels, son activité, le type de tumeur l’affectant (une tumeur de l’os dans le cas présent)… Pour cela une ration alimentaire spécifique devra être distribuée à votre chat.
Les produits devant être de très bonne qualité, l’idéal est de préparer soit-même les repas de son chat. Pour cela, vous pouvez faire appel à un vétérinaire nutritionniste qui vous aidera à élaborer une ration ménagère répondant parfaitement aux besoins de votre chat.
Mais comme il peut être difficile et contraignant de préparer soi-même les repas d’un chat atteint d’une tumeur de l’os, nous vous conseillons de vous tourner vers le site Elmut qui propose d’élaborer des repas pour les chats cancéreux. Ce sont des rations sur-mesures, appétentes, fraiches, de qualité égale à l’alimentation humaine et élaborées par des vétérinaires nutritionnistes. De plus, elle sont livrées à domicile.
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Références
Auteur de l’article
Docteur Laurence Dillière Lesseur, Vétérinaire Comportementaliste
Diplômée de l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort.
Titulaire du Diplôme Inter-Ecoles de Vétérinaire Comportementaliste.
Cofondatrice du site Catedog.com.
Sources de l’article
• Moraillon R., Legeay Y., Boussarie D. et Sénécat O. Dictionnaire pratique de thérapeutique chien, chat et NAC. Editions Masson 2010.
• Hébert F. et Bulliot C. Guide pratique de médecine interne chien, chat, NAC.Editions Med’Com, 2010.
• Moreno N. et Couto G.C.Guide pratique d’oncologie du chien et du chat. Editions Med’Com, 2014.
• Soyer C. et Doliger S. Vade-mecum, Cancérologie vétérinaire. Editions Med’Com, 2011.
• Cartagena Albertus J.C. Guide clinique de cancérologie du chien et du chat. Editions Le Point Vétérinaire, 2012.
• Ragetly G. et Molle C. Un ostéosarcome du radius traité par une endoprothèse associée à un ciment de phosphate tricalcique. Le Point Vétérinaire n°423, 2021.
• Hill’s Atlas of Veterinary Clinical Anatomy. Hill’s Pet Products 1989. Veterinary Medicine Publishing.
• Atlas Vet’Consult Chirurgie. Editions Med’Com 2012.
Auteur des illustrations
Vincent Lesseur, web designer, graphiste, illustrateur
Cofondateur du site Catedog.com.
Auteurs des photos
• Vincent Lesseur
• @Shutterstock
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