Mon chat est vieux et fait pipi partout ! Mon vieux chat miaule fort sans raison tout le temps ! Mon chat ne se lave plus en vieillissant ! Ces différentes manifestations peuvent être le signe d’un trouble du comportement…

Les troubles du comportement chez le chat âgé peuvent présenter plusieurs cas de figure…

Découvrez les conseils vétérinaires illustrés du Docteur Laurence Dillière-Lesseur, Vétérinaire Comportementaliste, et des réponses aux questions que vous vous posez sur les troubles du vieillissement chez votre chat…

Définition des troubles du comportement

Progrès médicaux et espérance de vie

A l’instar de la médecine humaine, les progrès réalisés tant dans la recherche médicale vétérinaire que dans l’alimentation diététique préventive, concourent à favoriser une augmentation de l’espérance moyenne de vie de nos chats et de nos chiens.

Vieillissement normal et vieillissement pathologique

Il faut néanmoins différencier les différences comportementales d’un vieillissement normal de celles d’un vieillissement pathologique* chez le chat.

Un chat âgé sans trouble anormal voit sa quantité de sommeil augmenter et son activité générale diminuer (si c’est un chat qui a accès à l’extérieur, par exemple il chasse moins). Il présente souvent des difficultés locomotrices (il saute moins, utilise moins les lieux de repos en hauteur).

En revanche, il existe un certain nombre de symptômes anormaux qui doivent alerter le maître quand ceux-ci apparaissent chez un chat vieillissant. D’une façon générale, ces symptômes commencent à se manifester dès l’âge de 10 ans. Dans la majorité des cas, ils apparaissent assez rapidement. On dénombre, selon la nature des symptômes observés, plusieurs troubles, regroupés sous des appellations variées.

* Pathologique : qui est dû à une maladie.

Les différents troubles du comportement

Cinq grands troubles associés au vieillissement sont décrits chez le chat :

• La dépression d’involution

• Le syndrome confusionnel

• Le syndrome irritabilité

• Le syndrome hyersomnie

• La dysthymie unipolaire

La dépression d’involution

La dépression d’involution se caractérise par une régression et un vieillissement du chat.

C’est une dépression dans laquelle sont plus souvent mises en cause une tumeur cérébrale ou une tumeur de la glande surrénale.

On observe notamment :

• Des insomnies accompagnées de miaulements lancinants typiques et d’une recherche accrue de contacts.

• Une malpropreté généralisée (le chat marque et élimine à des endroits inhabituels et n’importe comment). En général, cela se passe là où le chat se trouve, parfois même sur son lieu de couchage. Il ne discrimine plus la nature des zones qu’il utilise. Ainsi, il peut se soulager aussi bien sur un endroit rigide que sur un lieu pétrissable avec ses pattes.

• Le chat se remet à explorer oralement (avec sa gueule) et peut, à cette occasion, mâchonner les fils électriques.

• Le chat se met à adopter des lieux de couchage souvent inattendus, du type : la litière, la baignoire, ou couche sous la pluie.

Le syndrome confusionnel

Le syndrome confusionnel, appelé également “démence sénile”, est l’équivalent de la maladie d’Alzheimer chez l’humain : une maladie dégénérative qui engendre un déclin progressif des facultés cognitives et de la mémoire, et dans laquelle le chat paraît plus actif par rapport à la dépression d’involution.

Globalement, on observe une perte des acquis comportementaux : notamment, le chat choisit de nouveaux endroits pour éliminer, mais continue d’élire pour cela, des lieux protégés aux zones meubles (mous). Cependant, il n’enfouit plus ses besoins. le chat réalise également du marquage urinaire de façon désorganisée (il “arrose” en marchant).

Le chat présente des difficultés pour se repérer :

• Dans l’espace (ce qui est rapporté par le maître comme la “première fugue” du chat).

• Dans le temps (le chat se met à jouer en pleine nuit).

Le syndrome irritabilité

Le syndrome irritabilité est un syndrome dans lequel on émet l’hypothèse d’une atteinte cérébrale préfrontale, comme pour la maladie de Pick chez l’humain : une démence associée à la détérioration des lobes frontal et temporal du cerveau.

Le chat produit de plus en plus fréquemment des agressions par irritation qui commencent par de simples signaux de menace et qui évoluent en coups de griffes et morsures.

Par ailleurs, le chat recherche des lieux de repos inaccessibles pour s’isoler.

Le syndrome hypersomnie

Le syndrome hypersomnie est un syndrome dans lequel le chat dort plus de 20 heures par jour et dans lequel on met en cause une altération de certaines structures cérébrales qui permettent la transmission nerveuse.

Lors des phases de réveil plutôt courtes, le chat se déplace lentement.

Le chat mange moins, devient malpropre (sauf si on lui rapproche sa litière de son lieu de repos) et devient moins sensible, moins réceptif.

La dysthymie unipolaire

La dysthymie unipolaire se traduit par une alternance entre une phase productive et une phase normale, dite de stabilisation.

C’est un trouble dans lequel on met en cause certaines tumeurs cérébrales ou une hyperthyroïdie (trop d’hormones thyroïdiennes en circulation dans l’organisme).

Le chat est également très irritable, dort moins de 6 heures par jour, mange beaucoup, devient malpropre (élimine n’importe où et marque également en urinant) et produit des agressions territoriales.

Ces chats sont des candidats à l’anxiété ou aux dépressions en cas de stress violent.

Traitement des troubles du comportement

Un traitement essentiellement médicamenteux

Selon le cas, une prise en charge médicamenteuse de la cause sera ou non possible. Votre vétérinaire pourra également prescrire à votre chat des médicaments facilitant le fonctionnement du cerveau âgé. Globalement, la prise en charge est essentiellement médicale.

Des phéromones ou des huiles essentielles apaisantes

Il est également possible d’utiliser des phéromones de synthèse ou des huiles essentielles afin d’apaiser votre chat senior.

Pour cela, on utilisera soit :

Un diffuseur à base de phéromones de synthèse apaisantes 

Le chat communique à l’aide de marqueurs naturels qu’il libère dans l’air : c’est ce qu’on appelle des “marqueurs de bien-être”.

Le diffuseur de phéromones utilise ces marqueurs naturels rassurants dans le but de contribuer au bien-être du chat et de diminuer son stress ou son anxiété.

Le diffuseur sera branché dans la pièce principale de l’habitat.

Pour l’anxiété de cohabitation entre chats, on peut également utiliser un autre diffuseur, commercialisé sous l’appellation Feliway Friends, qui contient un analogue synthétique de la phéromone maternelle féline, réduisant significativement les conflits et tensions entre chats vivant sous le même toit.

Un spray d’huiles essentielles apaisantes

Les huiles essentielles obtenues à partir de plantes médicinales (valériane, vétiver, sauge, basilic), agissent sur les messagers naturels présents dans le système nerveux central et confèrent au chat des propriétés apaisantes.

Les huiles essentielles permettent ainsi de diminuer le stress ou l’anxiété chez le chat.

Les huiles essentielles seront pulvérisées sur les supports en contact avec le chat, comme son panier, ses jouets, le tapis, les tissus d’ameublement, la litière…

Un traitement alimentaire

Le traitement alimentaire consiste à enrichir la ration du chat en oméga 3 et en antioxydants pour limiter les phénomènes oxydatifs responsables notamment de la perte en neurones liée à l’âge.

Remarques sur les troubles du comportement

Des troubles comportementaux mixtes

Parfois, les troubles comportementaux se chevauchent et l’on parle plus volontiers de troubles mixtes du comportement. De plus, chez le chat, de nombreuses maladies organiques (diabète, insuffisance rénale) peuvent entraîner des troubles comportementaux.

Le vétérinaire traitant privilégiera donc les examens complémentaires pour aboutir au diagnostic.

Ne punissez pas et n’isolez pas votre chat

D’un point de vue comportemental, il n’existe pas de thérapie.

Il n’est pas inutile de préciser, cependant, que la punition est bien évidemment à proscrire. Au mieux, elle n’aurait pas d’efficacité, au pire, elle aggraverait les troubles, en rendant le chat encore plus anxieux qu’il n’est déjà en raison de son problème.

Il ne faut pas non plus l’isoler définitivement sauf si la recherche d’isolement est sollicitée par lui. En effet, la stabilisation de l’état émotionnel passe, dans certains cas, par la mise en place d’un hyperattachement (le chat est apaisé par la présence de son maître).