Quelle sont les symptômes d’un chat atteint d’une tumeur cérébrale ? Quelle est l’espérance de vie d’un chat atteint d’une tumeur au cerveau ? Dans quels cas l’euthanasie du chat est-elle la seule issue ?
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Tumeur du cerveau chez le chat : qu’est-ce que c’est ?
Définition du cerveau et de l’encéphale du chat
Sous les termes « tumeur du cerveau » et « tumeur cérébrale », employés dans le langage courant, il faut en réalité comprendre « tumeur de l’encéphale » ou « tumeur encéphalique », c’est-à-dire toute tumeur concernant quelque partie que ce soit de l’encéphale : le cerveau proprement dit, le cervelet et le tronc cérébral.
L’encéphale est l’organe central du système nerveux. Il est le siège des fonctions cognitives, sensorielles, motrices et végétatives qui se situe dans la boîte crânienne.
Il est communément appelé cerveau car ce dernier compose la majorité de l’encéphale. Mais outre le cerveau, l’encéphale contient également le cervelet et le tronc cérébral, ce dernier servant de relais entre les structures de l’encéphale et la moelle épinière.
Description des tumeurs du cerveau chez le chat
Les tumeurs cérébrales chez le chat sont surtout des méningiomes, puis des gliomes, qui atteignent plus souvent le cerveau (dans 75% des cas) que le cervelet ou le tronc cérébral.
La tumeur cérébrale concerne essentiellement le chat âgé de plus de 9 ans. Il n’existe pas de prédisposition raciale et la tumeur survient plus fréquemment chez le chat mâle que chez le chat femelle.
Les problèmes rencontrés par les tumeurs cérébrales, qu’elles soient cancéreuses ou non, proviennent essentiellement de leur développement local provoquant :
• Une compression et une destruction des tissus nerveux avoisinants.
• Une perturbation de la circulation du sang entraînant un œdème ou une hémorragie.
• Une perturbation du liquide cérébro-spinal (liquide dans lequel baignent le cerveau, le cervelet et la moelle épinière) entraînant une hydrocéphalie.
Les signes sont d’abord légers et peu visibles par le maître du chat. Puis ils évoluent vers des perturbations nerveuses plus graves comme des convulsions et une altération partielle des fonctions locomotrices (appelée parésie).
Si le diagnostic d’une tumeur au cerveau, au cervelet ou au niveau de la moelle épinière peut être source d’inquiétude pour le maître, il faut savoir que, grâce aux progrès de la médecine vétérinaire (permis notamment par les techniques d’imagerie comme l’IRM ou le scanner permettant d’identifier avec précision une tumeur), il existe dans certains cas des traitements curatifs ou améliorant considérablement les conditions de vie du chat malade.
Les tumeurs cérébrales chez le chat peuvent être :
Des tumeurs bénignes
Les tumeurs bénignes sont des tumeurs non cancéreuses donc sans gravité et qui n’engendrent pas de métastases. C’est-à-dire qu’elles ne se propagent pas à d’autres parties du corps. Cependant de manière exceptionnelle, elles peuvent se transformer en tumeurs malignes.
Des tumeurs malignes
Les tumeurs malignes sont des tumeurs graves encore appelées cancer ou tumeurs cancéreuses. Elles peuvent se propager à d’autres parties du corps (on parle alors de métastases) et engager le pronostic vital du chat.
Il s’agit :
• Soit d’une tumeur maligne primitive (qui a pris naissance dans l’encéphale du chat) dont les cellules cancéreuses vont engendrer des métastases dans d’autres parties du corps.
• Soit de métastases se créant dans l’encéphale du chat suite à une tumeur maligne primitive des mamelles, de la thyroïde, de l’os, des sinus et des cavités nasales ou de la peau…
En savoir plus : sur les tumeurs bénignes et malignes et les métastases chez le chat.
Principales tumeurs du cerveau chez le chat
Les méningiomes
Les méningiomes sont des tumeurs du système nerveux se développant aux dépens des méninges, c’est-à-dire des enveloppes entourant le cerveau et la moelle épinière du chat.
Les méningiomes sont les tumeurs cérébrales les plus fréquentes chez le chat et peuvent être des tumeurs bénignes ou malignes.
Les gliomes
Les gliomes sont des tumeurs du système nerveux se développant aux dépens du tissu glial (composé de cellules gliales), c’est-à-dire du tissu de soutien des neurones ou cellules nerveuses.
Il existe plusieurs types de tumeurs du tissu glial. Les deux plus fréquentes sont les astrocytomes qui se développent au dépend des astrocytes et les oligodendrogliomes qui concernent les oligodendrocytes.
Les gliomes sont des tumeurs plus rares chez le chat et sont toujours des tumeurs malignes.
Symptômes des tumeurs du cerveau chez le chat
Symptômes au début de la maladie
Symptômes généraux
Les symptômes les plus fréquents sont :
• De l’anorexie.
• Le chat est fatigué, abattu, prostré…
• Une modification du comportement : de la dépression, de l’agressivité.
• Un coma.
• Une marche en tournant sur un cercle fictif (appelée marche sur le cercle
Symptômes variables
Les symptômes varient en fonction de la localisation de la tumeur dans l’encéphale mais aussi de sa taille et du degré de compression des tissus avoisinants.
La tumeur est localisée dans le cortex cérébral
Il s’agit d’un syndrome cortical.
On observe des modifications du comportement et du caractère chez le chat (parfois avant les signes physiques !), des convulsions, une marche en tournant sur un cercle fictif, un déficit de vision, un déficit postural opposé au siège de la tumeur, un déficit de la sensibilité à la douleur.
La tumeur est localisée dans le tronc cérébral
Il s’agit d’un syndrome du tronc cérébral.
On observe une baisse de vigilance chez le chat, un déficit atteignant divers nerfs du crâne, une ataxie vestibulaire : le chat a des troubles de l’équilibre lors de la station debout ou au cours de la marche et un manque de coordination des mouvements.
La tumeur est localisée dans le cervelet
Il s’agit d’un syndrome cérébelleux.
On observe également une ataxie, des tremblements et une anomalie du port de la tête.
Symptômes au cours de l’évolution de la maladie
Les méningiomes sont caractérisés par une évolution lente et progressive des troubles.
Lors de tumeur plus agressive, de tumeur secondaire ou de tumeur osseuse du crâne, les troubles peuvent avoir une évolution plus rapide.
Dans tous les cas, on observe une compression cérébrale. Cette dernière entraîne une augmentation de la tension intracrânienne.
On observe les symptômes suivants :
• Le port de tête est anormal.
• Le chat pousse sa tête contre un mur (appelé pousser au mur).
• Il tourne en permanence sur un cercle fictif…
L’aggravation est progressive.
Diagnostic des tumeurs du cerveau chez le chat
Au vu des signes cliniques, le vétérinaire confirme son diagnostic en demandant des examens complémentaires :
• Un examen du liquide céphalo-rachidien (liquide dans lequel baignent le cerveau, le cervelet et la moelle épinière) révélant une augmentation de la pression intracrânienne.
• Une scintigraphie : une technique d’imagerie médicale qui produit une image par l’administration d’un traceur radioactif.
• Un scanner ou une IRM : ce sont les examens les plus fiables permettant une localisation précise de la tumeur en vue de son retrait par chirurgie.
• Une biopsie : une analyse histopathologique consistant à prélever sous anesthésie générale un fragment de tissu sur le site de la tumeur.
Suite à la biopsie, le prélèvement récupéré est ensuite analysé et examiné au microscope dans un laboratoire d’histologie afin de déterminer si la tumeur est cancéreuse ou non. En cas de tumeur maligne, l’histologie permet de préciser son type (pour un gliome : astrocytome, oligodendrogliome…), son grade (développement plus ou moins rapide de la tumeur) et son stade (avancée du cancer dans l’organisme et formation de métastases).
Traitement des tumeurs du cerveau chez le chat
Suite au diagnostic du vétérinaire
Suite au diagnostic qui aura permis de déterminer précisément la nature de la tumeur, sa localisation, son grade et son stade, le vétérinaire vous exposera les différentes possibilités de traitement.
Vous pourrez discuter avec lui afin d’y voir plus clair concernant : le pronostic de la tumeur, les chances de guérison complète ou de survie, la durée de rémission, les traitements possibles, leur coût, leurs contraintes et leurs effets secondaires…
La rémission
Elle désigne l’absence de signes cliniques de la tumeur après un traitement. Elle dépend essentiellement de la réponse tumorale : un chat dont la tumeur répond peu ou pas du tout au traitement ne présentera qu’une rémission partielle et aura une espérance de vie courte. A l’inverse, un chat dont la tumeur répond bien au traitement aura des chances de présenter une rémission complète et aura une espérance de vie plus longue.
La guérison
Elle n’est envisageable que si la tumeur a été décelée précocement, qu’elle ne s’est pas propagée à d’autres organes et qu’elle répond bien au traitement. De plus, on considère qu’une guérison ne devient réelle qu’après 2 ans de rémission.
La chirurgie
La chirurgie est variable selon la localisation et le type de tumeur. Elle est plutôt réservée aux tumeurs délimitées et superficielles des régions frontale et temporale du crâne.
La chirurgie est essentiellement réservée aux méningiomes, situés à la périphérie du cerveau et donc en lisière de la boîte crânienne. Les petites tumeurs peuvent alors être retirées avec facilité.
Des récidives sont possibles et se produisent souvent 2 à 4 ans après l’acte chirurgical. Toutefois, la repousse du méningiome est généralement lente.
Lorsque la tumeur est profonde, il est fréquent que son retrait soit incomplet car le méningiome est adhérent et a des limites mal définies.
Après le retrait chirurgical, la radiothérapie en complément de la chirurgie est alors fortement conseillée et permet ainsi de traiter les méningiomes incomplètement retirés ou de réduire au maximum les risques de récidives. Il s’agit d’une radiothérapie dite adjuvante qui, après le retrait de la tumeur, est pratiquée afin d’éliminer les éventuelles cellules cancéreuses subsistant localement.
Concernant les grosses tumeurs, des complications, comme une hémorragie puis la formation d’un œdème cérébral, peuvent se présenter lors de l’acte chirurgical et engager le pronostic vital du chat.
Les gliomes se situent au centre du cerveau et sont donc difficilement opérables.
La radiothérapie
La radiothérapie est très utilisée pour le traitement des tumeurs cérébrales et permet d’augmenter la durée de survie du chat avec une diminution des symptômes.
La radiothérapie peut être pratiquée :
• Seule pour le traitement des méningiomes ou des gliomes qui se situent au centre du cerveau et sont donc difficilement opérables.
• En complément de la chirurgie pour les méningiomes.
La radiothérapie consiste à détruire les cellules cancéreuses en envoyant des rayons capables d’irradier une tumeur et ainsi de détruire les cellules qui la composent, bloquant ainsi leur capacité à se multiplier.
L’irradiation détruit les cellules tumorales tout en épargnant les tissus qui l’entourent.
La chimiothérapie
La chimiothérapie désigne l’administration de médicaments qui agissent sur les cellules cancéreuses. Le traitement a pour but de détruire les cellules ou de stopper leur multiplication.
Séance de chimiothérapie chez un chat
L’utilisation de la chimiothérapie pour traiter les tumeurs cérébrales chez le chat varie selon les cas.
En général, elle présente peu d’intérêt et est rarement utilisée en raison du faible passage de la plupart des médicaments à travers la barrière hémato-encéphalique.
La barrière hémato-encéphalique est une barrière dont la fonction est de contrôler et d’empêcher le passage des substances indésirables provenant du sang dans le liquide cérébro-spinal.
Espérance de vie d’un chat avec une tumeur au cerveau
Le pronostic des tumeurs cérébrales chez le chat est bien sûr variable selon les cas : type de tumeur, localisation et degré de gravité (son agressivité, son grade et le stade de son avancement).
Les traitements visent le plus souvent à améliorer la fin de vie du chat malade, de quelques semaines à quelques mois.
Lors de diagnostic précoce de la tumeur et selon sa localisation, le traitement peut donner de bons résultats : la régression ou même la disparition de la tumeur.
Les chats atteints d’un méningiome ont une espérance de vie plus longue que les chats atteints d’un gliome.
Dans les cas les plus graves, l’euthanasie du chat est hélas souvent la seule issue.
Selon différentes études, après chirurgie, l’espérance de vie des chats atteints d’un méningiome est la suivante :
• 50% des chats sont encore en vie après 2 ans.
• 60% des chats sont encore en vie après un an.
Le taux de mortalité suite aux complications pendant la chirurgie est de 20% et est principalement dû à un œdème cérébral ou/et une hernie cérébrale.
Alimentation du chat avec une tumeur cérébrale
L’alimentation joue un rôle très important dans la récupération de votre chat. Et il est très probable que votre petit compagnon perde l’appétit et qu’il boude sa gamelle lorsqu’il sera sous traitement médical (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie). Environ deux tiers des chats perdent du poids lorsqu’ils sont atteints d’un cancer et présentent une fonte musculaire importante. Or plus le chat est affaibli, moins il aura de force pour combattre la tumeur cérébrale.
Une perte d’appétit
Différentes raisons peuvent expliquer une perte d’appétit chez un chat atteint d’une tumeur cérébrale :
• Une baisse d’appétit peut être due au traitement qui est très lourd.
• Des symptômes inhabituels provoqués par la tumeur (appelés syndromes paranéoplasiques) peuvent également être à l’origine d’une baisse, voire d’un arrêt total de la prise alimentaire chez le chat.
• Lorsque le chat est hospitalisé, le stress peut également avoir un impact sur son appétit.
Il est alors très important de bien surveiller la prise alimentaire et d’inciter votre chat à manger en lui proposant une alimentation attirante et appétissante, d’autant plus que cette dernière permettra à votre chat de mieux supporter les traitements.
Un nouveau régime alimentaire
Il est nécessaire d’instaurer un nouveau régime alimentaire pour un chat atteint d’une tumeur cérébrale.
Une alimentation riche en nutriments essentiels, saine et équilibrée, avec une haute teneur en protéines et en bonnes matières grasses permettra à votre chat de garder un poids optimal, de conserver sa masse musculaire, d’améliorer sa qualité de vie, de combler ses besoins nutritionnels et enfin d’augmenter son espérance de vie.
Un nouveau régime alimentaire devra ainsi être déterminé et prendra en compte différents paramètres comme le poids actuel de votre chat, sa prise alimentaire, des troubles digestifs éventuels, son activité, le type de tumeur l’affectant (une tumeur cérébrale dans le cas présent)… Pour cela une ration alimentaire spécifique devra être distribuée à votre chat.
Les produits devant être de très bonne qualité, l’idéal est de préparer soit-même les repas de son chat. Pour cela, vous pouvez faire appel à un vétérinaire nutritionniste qui vous aidera à élaborer une ration ménagère répondant parfaitement aux besoins de votre chat.
Mais comme il peut être difficile et contraignant de préparer soi-même les repas d’un chat atteint d’une tumeur cérébrale, nous vous conseillons de vous tourner vers le site Elmut qui propose d’élaborer des repas pour les chats cancéreux. Ce sont des rations sur-mesures, appétentes, fraiches, de qualité égale à l’alimentation humaine et élaborées par des vétérinaires nutritionnistes. De plus, elle sont livrées à domicile.
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Références
Auteur de l’article
Docteur Laurence Dillière Lesseur, Vétérinaire Comportementaliste
Diplômée de l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort.
Titulaire du Diplôme Inter-Ecoles de Vétérinaire Comportementaliste.
Cofondatrice du site Catedog.com.
Sources de l’article
• Moraillon R., Legeay Y., Boussarie D. et Sénécat O. Dictionnaire pratique de thérapeutique chien, chat et NAC. Editions Masson 2010.
• Ogillvie G.K et Moore A.S. Manuel pratique de cancérologie vétérinaire. Editions Le Point Vétérinaire, Masson, 1997.
• Moreno N. et Couto G.C.Guide pratique d’oncologie du chien et du chat. Editions Med’Com, 2014.
• Vieillevigne V. et Parachini-Winter C. Cancérologie clinique du chat et du chien. Editions Le Point Vétérinaire, 2021.
• Atlas Vet’Consult Chirurgie. Editions Med’Com 2012.
Auteur des photos et des des illustrations
Vincent Lesseur, web designer, graphiste, illustrateur
Cofondateur du site Catedog.com.